Burundi, Génocide, 1972-1973 : des femmes violées sous les yeux de leurs enfants

Burundi, Génocide, 1972-1973 : des femmes violées sous les yeux de leurs enfants

Spread the love

Deux Commissaires de la CVR avaient été désignés pour diriger cette conférence. Il s’agit d’Aloys Batungwanayo et de Denise Sindokotse. Parmi les revendications des familles des victimes figurent en grande partie les maisons leur spoliées. Elles ont également parlé avec émotion des comptes bancaires des victimes qui ont été bloqués, comme le démontrent les résultats des enquêtes sur ce génocide. Lors de cette conférence, la CVR a visionné un court métrage qui montrait quelques témoignages de femmes devenues veuves depuis cette période, les autres étaient encore élèves tandis que les autres étaient des hommes qui souffrent encore du mal qu’ont vécu leurs mères après l’assassinat de leurs pères.

Deux Commissaires de la CVR désignés pour diriger cette conférence. Il s’agit de Denise Sindokotse et d’Aloys Batungwanayo

La première catégorie a déclaré que leur mode de vie a fondamentalement changé après le génocide. Ils ont été contraints de quitter leurs foyers au profit des familles des tortionnaires. Ceux qui n’étaient pas retournés sur leurs collines d’origine ont du demander l’asile dans des congrégations religieuses. Pire encore, certaines femmes ont été violées devant leurs enfants, un phénomène qui est resté gravé dans leurs cœurs, comme l’ont témoigné des participants. Les problèmes liés au manque de provisions pour les familles restent un aspect difficile à gérer pour une famille dont le chef a été tué. Le phénomène de la pauvreté ne cessait de s’aggraver.

Première séance des questions et réponses: une des invités donne son témoignage


La deuxième catégorie est celle des élèves qui ont échappé de peu aux mains des criminels dans leurs écoles. Un phénomène discriminatoire a été observé à l’égard des élèves bahutu par leurs collègues batutsi. Une dame a raconté comment dans leur réfectoire, les élèves bahutu avaient leurs rangées à table sous les huées de leurs collègues batutsi. « Dans les dortoirs, on a vite remarqué une répartition des lits selon des critères ethniques », a-t-elle indiqué. Suite à cette situation, des élèves bahutu ont décidé de quitter l’école de peur d’être tués.


Cependant, en cours de route, certains élèves ont été harcelés par des militaires et des jeunes militants du parti Uprona dits « aba JRR ». Certains élèves, garçons et filles bahutu ont été tués et leur disparition reste encore gravée dans les cœurs de leurs parents. La CVR a donné le cas de plus de 100 élèves de l’Ecole Normale de Kiremba Sud en province Bururi qui a subi une saignée grave à cette époque.

Parmi ces violations des droits humains, les cas de femmes violées, de celles mariées de force par les tortionnaires et de jeunes filles qui n’ont pas pu poursuivre leurs études suite à ces atrocités, ont également été cités par ces femmes à travers un film documentaire réalisé par la CVR.

Des participants à la conférence ont été choqués par ces témoignages vus dans la vidéo. D’autres ont même pleuré. D’autres se demandent pourquoi l’État n’a pas encore déclaré solennellement que le Burundi a connu le génocide en 1972-1973 alors que les deux chambres du parlement burundais ont déjà accepté qu’un génocide a été commis au Burundi, comme cela transparait dans le rapport d’étape de la CVR de l’année 2021.

Deuxième séance des questions et réponses: une autre femme témoigne


D’autres ont plaidé pour la restitution des biens aux familles des victimes surtout les biens pillés durant cette période et qui sont encore visibles aujourd’hui, notamment les maisons saisies. Des participants plaident pour les veuves d’un âge avancé qui risquent de mourir bientôt sans que leurs droits soient encore rétablis. Et beaucoup d’autres voient que ces femmes ont besoin d’un cadre d’assistance parce qu’elles mènent une vie de misère extrême et que personne n’a jamais pensé à les aider.


Les Commissaires ont informé les participants que ce volet concernant les violations des droits humains dont les femmes ont été victimes durant cette période fait partie des enquêtes approfondies que la CVR a menées pour la qualification du génocide de 1972-1973.
Un rapport composé de 56 livres comprenant plus de 19 000 pages a déjà été rédigé. Il éclaire toute personne intéressée à connaître la vérité sur ce génocide.

Le Président de la CVR, Amb. Pierre Claver NDAYICARIYE, réponds aux questions des participants

Le Président de la CVR, Amb. Pierre Claver NDAYICARIYE a conclu la conférence en soulignant que la CVR est un organe purement technique mis en place par le gouvernement pour mener des enquêtes sur les violations des droits de l’homme que le Burundi a connues afin de leur donner des qualifications juridiques des faits et établir les responsabilités.

Actualités