Mercredi 12 juin 2024, la CVR a organisé une conférence thématique à l’Hôtel Source du Nil pour donner des éclaircissements sur l’Arrêt RPC 5621/S. Cet arrêt annule les jugements des Conseils de guerre rendus du 6 au 11 mai 1972 à Gitega et le 6 mai 1972 à Bujumbura. Les Commissaires Léa Pascasie Nzigamasabo et Maître Déo Ndikumana ont dirigé la conférence, présentant les résultats des recherches approfondies de la CVR.
Des jugements entachés d’irrégularités
Les recherches menées par la CVR, à partir des auditions et des archives, ont révélé que les victimes du génocide de 1972 ont été injustement stigmatisées, déshumanisées et spoliées de leurs biens. Les deux Commissaires ont démontré que les jugements rendus en 1972 n’ont pas respecté les principes d’un procès équitable. Des témoins ont affirmé que les victimes n’avaient pas été écoutées et les séances d’écoute se faisaient en français, une langue incomprise par les victimes.
Des conditions de procès inacceptables
Les conditions dans lesquelles les procès se sont déroulés étaient inacceptables. Comment un seul officiel du Ministère public pouvait-il interroger 100 personnes en une journée? Des prévenus ont été traduits en justice sans interrogatoires ni citations préalables. De plus, les Conseils de guerre, composés à la fois de civils et de militaires, se prononçaient sur des affaires dont ils n’avaient pas été saisis.
La restitution des biens et la réhabilitation des victimes
Les participants à la conférence ont salué la CVR pour son initiative, mais ont insisté pour que les jugements annulés soient rendus accessibles au public et traduits en langue nationale. Ils appellent également à la réhabilitation des familles des victimes, à la restitution des biens spoliés et à la tenue d’une journée de deuil en mémoire des victimes. Le recensement des victimes est également demandé pour établir une paix durable et une réconciliation effective.
Vers une réconciliation nationale
La CVR a déjà commencé le recensement des victimes des crises que le Burundi a traversées. Les initiatives de diffusion du rapport ont débuté pour le conserver dans des bibliothèques. Les Commissaires appellent les Burundais à ne pas nier les faits historiques et à vivre en paix pour construire un pays réconcilié.