La Cour Suprême a annoncé l’annulation et la cassation des jugements de mai 1972. Lors d’une conférence thématique organisée par la Commission Vérité et Réconciliation (CVR) à l’hôtel Source du Nil le 12 juin 2024, les interventions des Commissaires Léa Pascasie Nzigamasabo et Maître Déo Ndikumana ont mis en lumière les violations des droits de l’homme sous le régime du Président Micombero ayant conduit au génocide de 1972. Les partis politiques présents ont unanimement appelé à la réhabilitation des familles des victimes et à un recensement exhaustif pour promouvoir la cohésion sociale.
Réactions des partis politiques
La décision de la Cour Suprême d’annuler les jugements de mai 1972 a été accueillie favorablement par certains partis politiques burundais, notamment le Sahwanya Frodebu, l’Uprona et le CNDD-FDD.
Sahwanya Frodebu
Pierre Claver Nahimana, président du parti Sahwanya Frodebu, a salué la décision de la Cour Suprême. Il a affirmé que les victimes de ces jugements méritent d’être réhabilitées et blanchies pour retrouver leur dignité. Nahimana a cependant souligné que, bien que la justice actuelle fasse des efforts, de nombreux défis subsistent. Les victimes ont été dépossédées de leurs biens et leurs droits ont été bafoués, et leurs familles n’ont pas encore été rétablies dans leurs droits. Il insiste sur la nécessité de réhabiliter ces familles pour corriger ces injustices.
Cndd-fdd
Muhirwa Jean-Marie, représentant du parti CNDD-FDD, a également félicité le travail de la CVR et encouragé la poursuite des efforts. Il a souligné l’importance de suivre les processus de réparation, de réhabilitation et de compensation. Selon lui, le parti au pouvoir souhaite ardemment que les victimes soient réhabilitées, rappelant que d’autres pays ayant vécu des crimes similaires ont traversé des processus comparables. Muhirwa a rappelé que la mission principale de la CVR est de réconcilier les Burundais, en visant l’unité et la cohésion sociale.
Uprona
Evariste Ngayimpenda, historien et professeur d’université, représentant le parti Uprona, a mis en lumière l’incertitude concernant le nombre total de victimes des événements de 1972. Il a appelé la CVR à organiser un recensement national, depuis les sous-collines jusqu’au niveau national, afin d’identifier toutes les victimes de cette crise. Ngayimpenda a expliqué que ce recensement permettrait de résoudre les divergences entre les différents ouvrages traitant de cette crise. Il a précisé que certaines victimes avaient été arrêtées par les autorités publiques, des policiers, des militaires, des jeunes affiliés à la Jeunesse Révolutionnaire Rwagasore (JRR) ou simplement par leurs voisins.
Il est important de noter que la mission de la CVR inclut la réhabilitation et la réparation des victimes. Le recensement des victimes des crises que le Burundi a traversées a débuté l’année dernière dans les provinces de Cankuzo, Rumonge et Bururi, qui ont été touchées par la crise de 1972-1973. Ce recensement se poursuivra dans les autres provinces du pays.
La décision de la Cour Suprême et les clarifications de la CVR sur les violations passées ont ouvert la voie à une réhabilitation des victimes.
Les réactions des partis politiques montrent un consensus sur la nécessité de poursuivre les efforts de réconciliation nationale et de justice réparatrice, bien que les défis restent importants. Le recensement national proposé par Evariste Ngayimpenda pourrait jouer un rôle crucial dans la réalisation de ces objectifs, contribuant ainsi à l’unité et à la cohésion sociale au Burundi.