Le 10 octobre 2024, la Commission Vérité et Réconciliation (CVR) a tenu une réunion avec les institutions étatiques en mairie de Bujumbura. Cette rencontre visait à informer les acteurs concernés des nouvelles responsabilités de la CVR en rapport avec les conflits relatifs aux Terres et autres Biens spoliés mais aussi la responsabilité de l’Etat à l’époque des crises qui ont endeuillé le pays. C’était aussi l’occasion de discuter sur la méthodologie adéquate pour bien mener ses missions.
Lors de cette rencontre, la CVR a présenté aux distingués invités les échantillons de certaines archives signées par les autorités du pays au cours du génocide de 1972-1973. Ces archives attestent la part du gouvernement dans les tueries et spoliations des propriétés des victimes.
Mme NDIHOKUBWAYO Alice, du ministère de la Télécommunication et des Médias : « Quel sera le sort des dossiers qui sont déjà dans la Cour Spéciale des Terres et autres Biens (CSTB) ? »
Quant à la nouvelle mission de la CVR, Amb. Pierre Claver Ndayicariye, président de la CVR, a expliqué que cette mission, complexe et délicate, résulte de la dissolution de la CNTB, qui avait laissé plusieurs dossiers non traités. Désormais, la CVR devra se pencher sur ces questions foncières tout en poursuivant son objectif central : la réconciliation nationale. Les participants ont exprimé leurs confusions sur les procédures juridiques existantes et sur les jugements contestés, réclamant ainsi une clarification sur la méthodologie à adopter.
Des contributions multiples et critiques
Au cours des échanges, de nombreux intervenants ont exprimé leurs inquiétudes par rapport aux dossiers laissés à la CVR. M.A. du bureau de l’Ombudsman a mis en lumière la complexité de certains cas, comme ceux concernant les terres vendues après la crise de 1972. Pour lui, il est impératif que la CVR initie des consultations minutieuses pour corriger les erreurs. Parmi d’autres intervenants, A.N. de la primature a regretté l’absence d’un rapport final de la CNTB, un document qui aurait pu faciliter la transition entre les deux commissions ce qui permettra à la CVR de ne pas rouvrir des dossiers déjà clos.
HITIMANA David, du bureau de l’Ombudsman : « La CVR devrait se concerter avec le ministère de la Justice avant de recevoir les dossiers détenus par la CNTB. »
La jeunesse appelle à une réconciliation durable
Une des voix les plus marquantes de cette rencontre a été celle de la jeunesse burundaise, représentée par des défenseurs des Droits de l’Homme. Ils ont exprimé leur espoir de voir la CVR mettre à terme le cycle des conflits historiques qui ont meurtri le pays. « La jeunesse est épuisée, elle souhaite passer à autre chose », a déclaré H.E., une militante des droits humains. Elle a ajouté qu’il est important de créer un fonds d’indemnisation pour les victimes, et d’établir une consultation nationale pour que les Burundais soient pleinement informés du processus de réconciliation en cours.
Mme Furaha Christine NTUNZWENIMANA , de la Direction générale des droits de la personne humaine et de l’Éducation à la paix et à la réconciliation nationale : « La jeunesse est épuisée, elle souhaite passer à autre chose. »
Vers une réconciliation nationale réussie
Avant de clôturer, Pierre Claver Ndayicariye a salué les contributions des participants et a insisté sur le rôle non judiciaire de la CVR, qui vise à garantir à chacun la restitution de ses droits, tout en promouvant la réconciliation.
Amb. Pierre Claver Ndayicariye : « La Commission Vérité et Réconciliation n’est pas une instance judiciaire. Elle prône pour la réconciliation nationale. »
Il a également souligné l’importance de mettre en place un fonds d’indemnisation des victimes financé par des contributions internes et externes. Cette démarche, selon lui, pourrait être inscrite dans la vision à long terme du Burundi : un pays émergent d’ici 2040, développé à l’horizon 2060.