Le tour du Burundi: La CVR présente ses missions à la communauté burundaise

Le tour du Burundi: La CVR présente ses missions à la communauté burundaise

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Depuis début mars, la CVR est en train de sillonner toutes les provinces du pays à la rencontre de la population afin de lui faire part du bilan des activités menées durant le mandat de 4 ans écoulés. Ce travail émane de la proposition faite par le Ministère de l’Intérieur lors d’une rencontre qui a été organisée dans la province de Ngozi en février dernier dans le but de permettre aux Burundais de connaître les périodes sombres qu’a connues le pays afin de construire un pays sur une base solide menant à une réconciliation effective.

La province visitée pour la première fois est la capitale politique du pays, Gitega. Après Gitega, d’autres provinces ont été visitées. Actuellement, il ne reste que quelques provinces qui n’ont pas encore été visitées. Il s’agit notamment de la province de Rutana, Bururi et Makamba. Les deux dernières provinces avec celle de Rumonge s’imposent comme les premières provinces dans lesquelles le génocide commis contre les Bahutu en 1972 a commencé avant de s’étendre à tout le pays, comme l’a relevé la Commission.

Pour mener à bien cette mission, les Commissaires de la CVR ont d’abord voulu réunir les responsables administratifs de la base au sommet, les représentants des confessions religieuses, les chefs des corps de défense et de sécurité, les chefs des services œuvrant dans les provinces ainsi que la population, mais selon les doléances des participants, il vaudrait mieux que ce travail soit même réalisé au niveau de toutes les communes afin de permettre à une grande partie de la population d’en bénéficier.

Séances des questions-réponses

La Commission réalise ce travail à travers une présentation power point des résultats des enquêtes qui ont été menées depuis l’invasion du Burundi par les colonisateurs et les missionnaires étrangers, les violations graves des droits de l’homme qui se sont poursuivies et d’autres crimes qui ont précédé le génocide commis contre les Bahutu.

Ces cycles de violences ont laissé le pays avec des veufs et des orphelins, certaines familles ont vu leurs biens volés, fuir le pays ou expropriés jusqu’à présent. Ces derniers n’ont cessé de demander à l’Etat de faire preuve de sa responsabilité afin qu’ils soient réhabilités et restaurés dans leurs droits.

Deuxièmement, la Commission montre également deux vidéos documentaires à l’appui de la projection power point pour expliquer brièvement comment le génocide de 1972 avait été préparé avant son exécution ; les causes et la manière dont les victimes ont été arrêtées, massacrées et jetées dans des fosses communes. Ces deux séances sont ensuite suivies d’une séance de questions-réponses pour les participants.

Les victimes attendent avec impatience la nouvelle loi CVR

Dans toutes ces visites, la grande majorité des questions posées par les participants se réfèrent largement aux conflits fonciers. Certaines victimes se disent sidérées de voir les biens légués par leurs parents ou grands-parents appartenir à des particuliers.

En cause, lors du génocide de 1972, certains auteurs présumés se sont empressés de s’approprier les biens des familles des victimes, notamment des maisons, des propriétés foncières, des comptes bancaires et des véhicules.

Et parmi les victimes, seuls ceux qui ont eu le courage de fuir ont eu la chance de survivre. Leurs maisons et autres biens ont été saisis et ceux qui les ont saisis ont fait des manœuvres pour avoir des documents falsifiés (titres de propriété) afin de s’approprier ces biens. Il en est de même pour les parcelles, notamment dans la ville de Bujumbura.

Actuellement, avec le retour de la paix et de la stabilité politique, les familles des victimes disposant de documents légaux ne peuvent résister aux occupants des biens appartenant à leurs pères et ont jugé bon de porter plainte devant les juridictions compétentes, notamment la CNTB.

Les Commissaires de la CVR répondent aux questions des participants

Cependant, il y en a d’autres qui sont logés dans les domaines de l’État et qui continuent de revendiquer leur propriété. D’autres ont réussi à gagner des procès ; mais, après un certain temps, il leur fut interdit par les juridictions compétentes d’exécuter les jugements rendus. Certains intervenants, dans le cas de la province de Rumonge ; ont même accusé la CNTB de corruption.

Face à ces inquiétudes, les Commissaires de la CVR rassurent et appellent les soi-disant propriétaires de faire preuve de patience. Les procès liés aux conflits fonciers ont été confiés à la CNTB. Celle-ci a déjà fermé ses portes mais les pouvoirs publics ont souhaité que les missions de la CVR soient transférées à la CVR. Nous attendons alors la nouvelle loi et la CVR ne s’attardera pas à répondre à vos inquiétudes.

Outre la CNTB, d’autres questions spécifiques sont liées à la condamnation des auteurs présumés, au rôle du parti Uprona et du mouvement JRR dans ce génocide, à la bonne conservation des ossements humains exhumés et à la construction d’un monument national à la mémoire de victimes et la cartographie des sites CVR.

Les Commissaires de la CVR rappellent constamment à la population que la Commission n’est pas un organe judiciaire ; il s’agit plutôt d’un organe technique et dont les missions sont d’enquêter et d’éclairer les Burundais sur les périodes sombres que le pays a traversées. Cette vérité cachée sera la base pour construire un Burundi meilleur, un avenir prospère, un pays où règnent la paix et la sécurité.

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