Dans tout le pays, les investigations de la CVR ont prouvé que des certificats de réussite appartenant à certains écoliers bahutu ont été attribués aux écoliers batutsi sous le régime du président Micombero. Ces certificats favorisaient aux écoliers batutsi d’accéder à la 7ème année préparatoire. La CVR a mené des investigations au lycée Gisanze (ancien collège de Gisanze) en commune Gashoho province Muyinga.
C’était une autre astuce utilisée par le régime Micombero pour faire avancer de classe les écoliers batutsi qui n’avaient pas réussi au concours et d’interdire les Bahutu l’accès à l’école. À Bururi, une source de Matana a révélé à la CVR qu’un écolier muhutu pouvait réussir jusqu’au cinquième certificat. Deux de ces cas ont été signalés audit lycée et la CVR s’est empressée de s’y rendre pour plus d’éclaircissements. Cette enquête a débuté vendredi le 14 octobre 2022 par Aloys Batungwanayo, le Commissaire de la CVR.
Il s’agit alors de Congera Suzanne et Uwimana Pétronille, toutes scolarisées au collège de Gisanze après le 29 avril 1972, date du déclenchement du génocide commis contre les Bahutu au Burundi.
D’après ces investigations, Congera Suzanne est originaire de la sous-colline Nyamwera, colline Rucamihigo, commune Ruhororo, province Ngozi. Ngonzi Sylvestre et Ntahimpera sont ses parents. Elle est née le 29 décembre 1959. Elle a terminé ses études en 1978.
Le second cas est celui d’Uwimana Pétronille. Elle est née sur la colline Gatsinda le 12/7/1959 dans la commune Busiga toujours en province de Ngozi. Le nom de son père est Ndangamira Stanislas ; il était agronome à l’époque. Sa mère est Ndoli Adèle. Uwimana était d’origine Rwandaise. Toutes ces 2 filles avaient terminé le cycle d’orientation en 1978.
Nos sources rapportent que Ndangamira était de nationalité rwandaise et résidait à Gatika en zone Rukeco. Il était réfugié depuis 1959. Rukara Christian, un ancien député qui travaille actuellement au bureau provincial de l’agriculture et de l’élevage à Ngozi, a déclaré avoir étudié avec les enfants de Ndangamira.
La CVR a enquêté pour découvrir la vérité sur cette affaire de certificats
Ces cycles d’orientation n’avaient que la classe de 7 è. Les élèves qui n’avaient pas réussi au concours y passaient une année pour être orientés en 8eme vers un autre établissement comme un élève qui reçoit une orientation simple. Le point de départ de cette enquête fut une correspondance du directeur général de l’éducation en 1974 adressée au directeur du collège de Gisanze pour rétablir dans leurs droits, ces 2 jeunes filles dont les certificats avaient été volés. Au bureau du secrétariat de l’école, le secrétaire a aidé la CVR à retrouver les dossiers des élèves de ce lycée qui durant l’année scolaire 1973-1974 auraient subi le même cas.
Après avoir visité cette école, la CVR s’est alors mise à la recherche de ces 2 individus, notamment leurs collines d’origine. Par l’intermédiaire d’élus locaux, la famille d’Uwimana Pétronille a depuis quelque temps quitté la commune Ruhororo pour aller vivre en mairie de Bujumbura. Avant de quitter cet endroit, cette famille a vendu le terrain sur lequel se trouvait leur maison à un commerçant du nom de Rivuzimana. Et ce dernier n’a pas tardé à y planter des arbres. Il a été prouvé que cette jeune fille de l’époque est Mututsi.
Selon Nyamutwa Herman qui a 77 ans ; Muhutu vivant toujours à Rukeco sur la colline de Kigufi, Ndangamira Stanislas était son ami proche. Il était rwandais. Il est parti avec toute sa famille lorsque le FPR (Front Patriotique Rwandais) a pris le pouvoir. Il est mort peu de temps après, a déploré Nyamutwa. Toutefois, la CVR a finalement découvert que ces élèves ont été rétablies dans leur droit.
Et la raison n’est autre que parce qu’elles étaient Batutsi. Le Collège de Gisanze était géré à l’époque par les sœurs rwandaises qui avaient fui les crimes commis contre les Batutsi du Rwanda. Les certificats de ces deux filles avaient été attribués aux autres deux filles batutsi dont les noms sont respectivement Ndayatuke Françoise et Ndangamira Antoinette.
Les gestionnaires de Gisanze ont découvert que l’une de victimes avait un nom rwandais mais que celle qui avait le certificat ne parlait pas Kinyarwanda. Elles ont alors poussé les enquêtes et ont dénoncé le cas de vols. Pour les Bahutu victimes de ces vols, il leur était impossible de faire recours faute d’être accusés d’être de « bamenja »