Restitution des biens spoliés au Burundi: Connecter les victimes à leurs biens spoliés.

Restitution des biens spoliés au Burundi: Connecter les victimes à leurs biens spoliés.

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 «Comment rendre justice aux victimes lorsque les terres spoliées ont changé de mains à plusieurs reprises, parfois jusqu’aux autorités de l’État? » Cette question, posée par Ndikumana Côme du Collectif des Associations pour la Réconciliation et l’Appui aux Victimes, résume l’un des défis majeurs auxquels fait face la Commission Vérité et Réconciliation. 

La restitution des terres et biens spoliés durant les crises cycliques au Burundi, notamment le génocide de 1972 et la crise de 1993, s’avère être un dossier épineux. Les parcelles des victimes ont souvent été revendues à plusieurs propriétaires, dont certains occupent aujourd’hui des postes au sein des autorités publiques. Pour Ndikumana Côme, retrouver les titres de propriété originaux relève du parcours du combattant. Il espère que la Commission mènera des enquêtes approfondies pour identifier les premiers propriétaires, même si cette tâche s’annonce ardue.

« Comment rendre justice aux victimes lorsque les terres spoliées ont changé de mains à plusieurs reprises, parfois jusqu’aux autorités de l’État ? »
— Côme Ndikumana

Le droit de propriété, un pilier sacré selon la Commission Vérité et Réconciliation

« Le droit de propriété est naturel, perpétuel et sacré ». Cette déclaration forte de Me Déo Ndikumana, commissaire de la Commission Vérité et Réconciliation , a marqué les esprits lors de la réunion.  Pour lui, le droit de propriété est un principe fondamental qui prime sur d’autres droits. Me Déo Ndikumana a rappelé que, même en cas de décès ou de crime, la famille du propriétaire conserve un droit de suite et de préférence. Cela signifie qu’elle peut réclamer ses biens à tout moment; une position qui a rassuré ces associations.

« Le droit de propriété est naturel, perpétuel et sacré. »
— Me Déo Ndikumana, Commissaire de la Commission Vérité et Réconciliation

Par ailleurs, de nombreux dossiers n’ont pas été transférés à la Commission Spéciale des Terres et Autres Biens (CSTB) à la fin du mandat de la Commission Nationale des Terres et Autres Biens (CNTB). Les associations demandent des clarifications sur le traitement de ces cas.

Reconnaissance du génocide et commémoration : des plaies encore vives

«L’impunité est la racine de nos crises cycliques.» Ces mots de Rutamuceru Florence, témoin de la crise de 1993 au Lycée de Kibimba, résonnent comme un appel à la justice et à la mémoire. 

Au-delà des questions matérielles, la reconnaissance des crimes commis, notamment le génocide contre les Bahutu en 1972-1973, reste une revendication majeure pour plusieurs associations. Rutamuceru Florence, membre de l’Association pour la Réconciliation et la Gestion des Mémoires Blessées au Burundi, a insisté sur la nécessité de commémorer les victimes et de poursuivre les responsables. Pour elle, sans justice, la réconciliation restera un vœu pieux.

« L’impunité est la racine de nos crises cycliques. »
— Mme Florence Rutamuceru

Léa Pascasie Nzigamasabo, Secrétaire de la Commission Vérité et Réconciliation , a rappelé l’importance de comprendre les causes de ces tueries avant d’organiser des cérémonies commémoratives, tout en soulignant que les victimes appartenaient à toutes les ethnies.

« Ce ne sont pas les ethnies qui tuent, mais les mauvais régimes politiques. »
— Amb. Pierre Claver Ndayicariye, Président de la Commission Vérité et Réconciliation

Dans son mot de clôture, l’Ambassadeur Pierre Claver Ndayicariye, Président de la Commission Vérité et Réconciliation , a lancé un message vibrant : «Ce ne sont pas les ethnies qui tuent, mais les mauvais régimes politiques.» Un rappel poignant que la réconciliation passe par la vérité et la mémoire, pour construire un Burundi meilleur, capable de tourner la page des cycles de violence et d’impunité. Un défi colossal, mais essentiel pour les générations futures.

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